Forum de Davos, le rendez-vous mondial de la ploutocratie
Du 23 au 27 janvier 2013, à Davos, en Suisse, se sont réunis une fois de plus dans la plus grande discrétion les maîtres du monde ou leurs représentants.
Ce 42ème sommet a réuni cette année 2654 participants. Leur but ? Tout simplement régler entre eux les grandes affaires politiques, économiques et financières de la planète, ce forum constituant en fait une sorte de cabinet fantôme du gouvernement mondial en gestation. Et de rappeler aux peuples, comme l'a déclaré Klaus Schwab, président fondateur du World Economic Forum qu'"il n'y a pas d'alternative au capitalisme".
Dans tous les sujets traités cette année, on note qu'une attention particulière a été portée aux questions de santé et aux systèmes de santé. On peut donc s'attendre dans les mois à venir à des décisions qui iront toujours plus dans le sens du démantèlement des organismes de Sécurité Sociale publique pour faire toujours plus de place au marché privé, c'est à dire aux grands groupes. Cela va évidemment dans le sens des mots prononcés, il y a quelques semaines, par Obama lors du discours sur l'état de l'Union, lorsqu'il évoquait une accélération de la mise en place du
grand marché transatlantique et l'ouverture des marchés publics européens aux entreprises privées américaines. Il n'y a jamais de hasard en politique ...
Le "Davos 2013" a réuni pas moins de 37 chefs d'Etat ou de gouvernement voire de ministres. Mais aussi bien sûr des responsables d'organisations internationales, des grands patrons, des économistes, des scientifiques et des journalistes. Les Américains étaient venus en force comme il se doit puisqu'ils alignaient 709 participants. Venaient ensuite les Britanniques (271), les Suisses (232), les Allemands (124), les Indiens (113), les Russes (80), les Français (79) ... Chose curieuse, le Japon et la Chine ne constituent même pas 5% des participants, de même que les Africains et les Sud-Américains.
Davos est donc d'abord un sommet mondialiste "occidentaliste". Même si peu à peu le balancier du gros business trouve son centre de gravité en Asie.
Qui représentait la France dans ces débats de la superclasse mondiale ? Quatre personnes essentiellement : Pierre Moscovici (ministre PS de l'Economie et des finances), Najat Vallaud-Belkacem (ministre PS des droits des femmes et porte-parole du gouvernement), Fleur Pellerin (ministre PS déléguée aux PME) et Emmanuel Macron (secrétaire-adjoint de l'Elysée et membre éminent de la banque Rotschild).
A ces quatre mousquetaires du Capital s'est joint un invité surprise : Nicolas Sarkozy (vu le bilan désastreux de Hollande, les Français ayant plus que la mémoire courte, certains regretteraient déjà l'ex-chef d'Etat ... de quoi vous dégoûter à tout jamais de la démocratie !)
Mais ces politiques "français" n'étaient pas les seuls à participer à ce raout puisqu'on a pu y voir de hauts fonctionnaires (dont Christian Noyer, président de la Banque de France), de hauts fonctionnaires internationaux (dont Christine Lagarde, présidente du FMI et Pascal Lamy, directeur général de l'OMC), des universitaires, des journalistes (France 2, Les Echos, Le Monde, l'AFP) ...
Faut-il rajouter que la seule inscription (sans compter les frais de déplacement, de restauration et d'hôtel) représente un investissement de 20 000 euros par personne ?
Il est toujours intéressant de voir quelles sont les entreprises qui trouvent utile de participer à Davos. En voici quelques-unes : Google, PlaNet Finance (Jacques Attali), Airbus, Financière Pinault, Dassault Systèmes, Suez Environnement, GDF Suez, Crédit Agricole, Safran, Sanofi, Microsoft, JC Decaux, Adecco, EADS, Publicis, LVMH, Renault-Nissan, Caisse des Dépôts et Consignations, Groupe Pierre et Vacances-Center Parcs, Ubisoft, Alstom, Lafarge, BNP, Total, Société Générale, Areva, Alcatel Lucent, Ogilvy ...
Avec le congrès annuel du groupe Bilderberg et de la Trilatérale, le forum de Davos constitue un grand rendez-vous obligé du capitalisme mondial. Un petit monde qui a instauré une économie de prédation et de rente. Au fait, soyez à l'heure au boulot demain, ils ont besoin de vous pour remplir leurs coffres-forts.
(c) Eugène Krampon, Réfléchir & Agir n°44 - été 2013