Avant-propos


Le Marché Transatlantique est en préparation depuis près de vingt ans. Il devrait voir le jour durant l'année 2015.
Les "grands médias" n'en parlent pas ou relativement peu. Les Français et les Européens sont ainsi sous-informés sur un événement majeur qui va vite les concerner. C'est pourquoi ce blog a été créé. Il se veut informatif, politiquement indépendant, tout en étant respectueux de l'opinion des personnes, qu'elles soient favorables ou défavorables au Marché Transatlantique. A quelques mois voire à seulement quelques semaines de la réalisation de ce projet, il parait probable que ces mêmes "grands médias" n'auront d'autre choix que de traiter enfin la question. Ce blog ne sera alors plus d'utilité et il aura cessé d'être alimenté. Pendant cette attente, nous vous proposerons des lectures et des vidéos pertinentes provenant de divers sources, informant et donnant des opinions sur le Marché Transatlantique. Nous ne nous portons pas garant de la totalité de ce qui pourrait y être dit ou écrit. De même que nous vous proposons en marge du blogue, une liste de liens vers de nombreux sites qui nous semblent pertinents, sans pour autant approuver ou cautionner tous les propos et toutes les opinions qui pourraient y être exprimés. A cet effet, nous ne permettons pas à nos lecteurs de laisser des messages pour éviter toute polémique d'une part, et d'autre part, pour ne pas devoir modérer à temps voulu, des propos qui seraient illicites. En vous remerciant de votre compréhension.

samedi 31 août 2013

Le monde anglo-saxon tel qu'il est vraiment ?

A vous de juger ...

 

(extrait de la série TV "The Equalizer" (5ème épisode de la saison 4) intitulé "Les guerriers")

mercredi 28 août 2013

Pierre de Villemarest, le 07/10/2002

En juin dernier, nous postions une vidéo de Pierre de Villemarest au sujet des Bilderberg, Trilatérale et gouvernement mondial. Aujourd'hui, nous récidivons et nous collons avec l'actualité en vous proposant une nouvelle vidéo mise en ligne récemment par un internaute, dans laquelle cet ancien résistant et membre du contre-espionnage français, nous révélait en 2002 que la guerre en Syrie était déjà planifiée par les Américains :


Comme l'écrit l'internaute qui l'a postée : "Faîtes circuler cette vidéo. Faîtes des traductions". 

vendredi 23 août 2013

Le coup d'état néolibéral

Par Marc Delepouve, syndicaliste et universitaire.
Le 8 juillet 2013, les négociations du pacte transatlantique ont été ouvertes. L’objectif est de parvenir à un accord de libéralisation accrue du commerce et des investissements entre l’Union européenne (UE) et les États-Unis. La Commission européenne est chargée de mener ces négociations au nom de l’UE. Mi-juin, un mandat précisant cet objectif a été donné à la Commission par le Conseil des ministres des pays membres de l’UE en charge du Commerce extérieur.

Le 29 juillet dernier, dans une tribune publiée par le journal Libération, la ministre française du Commerce extérieur, Nicole Bricq, nous informe qu’elle a «demandé au commissaire en charge du Commerce, M. Karel De Gucht, de rendre public le mandat de négociation», ce qu’elle complète en précisant que « ce mandat est déjà disponible sur de nombreux sites Internet» en raison de «fuites», alors même qu’à ce jour son propre ministère n’a toujours pas publié le document qu’elle a elle-même validé il y a maintenant près de deux mois. Peut-on s’étonner du double jeu de la ministre, sachant que, selon les «fuites» dont elle fait état, le mandat de la Commission déborde en réalité largement de la sphère économique et présente un important recul de la démocratie doublé d’une nouvelle menace sur les droits sociaux ?

Ainsi, le mandat de la Commission comporte la mise en place d’une nouvelle instance juridique internationale devant laquelle un État pourra attaquer un autre État, mais aussi et surtout devant laquelle un investisseur pourra directement attaquer un État, en particulier quand ce dernier aura mis en place des mesures pouvant réduire les profits de cet investisseur. Les entreprises et les États seraient alors mis sur un pied d’égalité et le capital juridiquement hissé au même niveau que la souveraineté démocratique.

Les droits sociaux sont dans la ligne de mire du pacte transatlantique. L’intensification du libre-échange et son extension à de nouveaux secteurs constituent le cœur du mandat de la Commission, avec pour conséquence l’aggravation des contraintes imposées par la compétitivité, et donc de la pression qui s’exerce sur les droits sociaux et les salaires.

Suite et fin de l'article :
http://www.humanite.fr/tribunes/le-coup-d-etat-neoliberal-546985

mardi 20 août 2013

Xavier Beulin (FNSEA), le 31/07/2013

Xavier Beulin, président de la FNSEA
(c) france3.fr

En fin du mois dernier, Xavier Beulin, président de la FNSEA, s'est déclaré inquiet pour l'avenir du modèle agricole et alimentaire français, dans le cadre des négociations pour la mise en place du marché transatlantique.
Lire l'article sur le site de terre-net.fr :

dimanche 18 août 2013

L'Amérique que l'on aime (3)

Si ce blog est très critique à l'égard des élites américaines, nous voulons rappeler que nous aimons une certaine Amérique. De même que les français ne peuvent être résumés à un Sarkozy ou à un Hollande, le peuple américain ne saurait être réduit aux banksters de Wall Street, George Soros ou la famille Bush ...


"Joe knows" Documentaire réalisé par Didier Roustan en 1991 sur le légendaire joueur de football américain, Joe Montana.

vendredi 16 août 2013

Eugène Krampon, en juin 2013

Forum de Davos, le rendez-vous mondial de la ploutocratie

Du 23 au 27 janvier 2013, à Davos, en Suisse, se sont réunis une fois de plus dans la plus grande discrétion les maîtres du monde ou leurs représentants.
Ce 42ème sommet a réuni cette année 2654 participants. Leur but ? Tout simplement régler entre eux les grandes affaires politiques, économiques et financières de la planète, ce forum constituant en fait une sorte de cabinet fantôme du gouvernement mondial en gestation. Et de rappeler aux peuples, comme l'a déclaré Klaus Schwab, président fondateur du World Economic Forum qu'"il n'y a pas d'alternative au capitalisme".
Dans tous les sujets traités cette année, on note qu'une attention particulière a été portée aux questions de santé et aux systèmes de santé. On peut donc s'attendre dans les mois à venir à des décisions qui iront toujours plus dans le sens du démantèlement des organismes de Sécurité Sociale publique pour faire toujours plus de place au marché privé, c'est à dire aux grands groupes. Cela va évidemment dans le sens des mots prononcés, il y a quelques semaines, par Obama lors du discours sur l'état de l'Union, lorsqu'il évoquait une accélération de la mise en place du grand marché transatlantique et l'ouverture des marchés publics européens aux entreprises privées américaines. Il n'y a jamais de hasard en politique ...

Le "Davos 2013" a réuni pas moins de 37 chefs d'Etat ou de gouvernement voire de ministres. Mais aussi bien sûr des responsables d'organisations internationales, des grands patrons, des économistes, des scientifiques et des journalistes. Les Américains étaient venus en force comme il se doit puisqu'ils alignaient 709 participants. Venaient ensuite les Britanniques (271), les Suisses (232), les Allemands (124), les Indiens (113), les Russes (80), les Français (79) ... Chose curieuse, le Japon et la Chine ne constituent même pas 5% des participants, de même que les Africains et les Sud-Américains.
Davos est donc d'abord un sommet mondialiste "occidentaliste". Même si peu à peu le balancier du gros business trouve son centre de gravité en Asie.

Qui représentait la France dans ces débats de la superclasse mondiale ? Quatre personnes essentiellement : Pierre Moscovici (ministre PS de l'Economie et des finances), Najat Vallaud-Belkacem (ministre PS des droits des femmes et porte-parole du gouvernement), Fleur Pellerin (ministre PS déléguée aux PME) et Emmanuel Macron (secrétaire-adjoint de l'Elysée et membre éminent de la banque Rotschild).
A ces quatre mousquetaires du Capital s'est joint un invité surprise : Nicolas Sarkozy (vu le bilan désastreux de Hollande, les Français ayant plus que la mémoire courte, certains regretteraient déjà l'ex-chef d'Etat ... de quoi vous dégoûter à tout jamais de la démocratie !)
Mais ces politiques "français" n'étaient pas les seuls à participer à ce raout puisqu'on a pu y voir de hauts fonctionnaires (dont Christian Noyer, président de la Banque de France), de hauts fonctionnaires internationaux (dont Christine Lagarde, présidente du FMI et Pascal Lamy, directeur général de l'OMC), des universitaires, des journalistes (France 2, Les Echos, Le Monde, l'AFP) ...
Faut-il rajouter que la seule inscription (sans compter les frais de déplacement, de restauration et d'hôtel) représente un investissement de 20 000 euros par personne ?

Il est toujours intéressant de voir quelles sont les entreprises qui trouvent utile de participer à Davos. En voici quelques-unes : Google, PlaNet Finance (Jacques Attali), Airbus, Financière Pinault, Dassault Systèmes, Suez Environnement, GDF Suez, Crédit Agricole, Safran, Sanofi, Microsoft, JC Decaux, Adecco, EADS, Publicis, LVMH, Renault-Nissan, Caisse des Dépôts et Consignations, Groupe Pierre et Vacances-Center Parcs, Ubisoft, Alstom, Lafarge, BNP, Total, Société Générale, Areva, Alcatel Lucent, Ogilvy ...
Avec le congrès annuel du groupe Bilderberg et de la Trilatérale, le forum de Davos constitue un grand rendez-vous obligé du capitalisme mondial. Un petit monde qui a instauré une économie de prédation et de rente. Au fait, soyez à l'heure au boulot demain, ils ont besoin de vous pour remplir leurs coffres-forts.

(c) Eugène Krampon, Réfléchir & Agir n°44 - été 2013

lundi 12 août 2013

L'UE cible prioritaire de la NSA, selon "Der Spiegel"

L'Union européenne faisait partie des cibles prioritaires de surveillance du service américain de renseignements NSA, affirme samedi "Der Spiegel". L'hebdomadaire allemand s'appuie sur des documents d'Edward Snowden, l'ex-consultant américain.

Dans un passage en revue datant d'avril, la NSA assure que les questions de politique étrangère de l'Union européenne, de commerce international et de stabilité économique, figurent parmi les objectifs prioritaires de surveillance, selon l'hebdomadaire.

Le service américain a ainsi établi une échelle de 1 ("plus haut intérêt") à 5 ("faible intérêt"), dans laquelle ces trois thèmes sont dotés de la priorité 3, poursuit le magazine.

Les questions liées aux nouvelles technologies, sécurité énergétique et questions d'alimentation, n'entrent en revanche pas dans les priorités des Américains, qui leur attribuent la note 5, selon la même source.

Allemagne, France et Japon

Parmi les pays ciblés par le programme de surveillance de la NSA, l'Allemagne se retrouve au même niveau que la France et le Japon, mais devant l'Italie et l'Espagne. La priorité est donnée aux questions de politique étrangère de l'Allemagne, de stabilité économique et de dangers pour la finance, classées priorité 3.

"Der Spiegel" avait affirmé fin juin, en se fondant sur des documents fournis par Edward Snowden, que la NSA, accusée d'espionner les communications électroniques mondiales dans le cadre du programme PRISM, avait pris pour cibles les bureaux de l'Union européenne à Bruxelles et la mission diplomatique de l'UE à Washington.

Grand émoi

La délégation de l'UE auprès des Nations unies a fait l'objet d'une surveillance similaire, selon l'hebdomadaire. Ces révélations avaient suscité un grand émoi à Bruxelles.

(ats / 10.08.2013 18h06)

Source :
(c) romandie.com

vendredi 9 août 2013

Karel de Gucht, en juillet 2013

Karel de Gucht (wikipedia)

Karel de Gucht est un homme politique belge de langue néerlandaise, nommé par José Manuel Barroso au poste de Commissaire au commerce, le 26 novembre 2009.
Il s'exprimait le mois dernier au sujet des négociations sur le futur marché transatlantique.
Pour Karel de Gucht, le poulet américain lavé à l'eau de javel est une question microscopique, tandis qu'est importante la diversité culturelle ...
"Depuis qu'il est devenu évident, au début de cette année, que l'Union européenne et les États-Unis allaient négocier un accord de libre-échange, cette initiative a attiré énormément d'attention et fait couler beaucoup d'encre.
Les débats évoluent entre questions stratosphériques (l'impact géopolitique d'un tel accord) et microscopiques (les poulets américains et les pommes européennes), en passant par des questions aussi importantes que la diversité culturelle ou la propriété intellectuelle. C'est une bonne chose. Les États-Unis ne sont pas un partenaire comme les autres et ils n'hésitent pas à défendre leurs intérêts. L'Europe aussi doit défendre ses intérêts et cela commence par le besoin d'en débattre.
Les autorités françaises ont pris une part active à ces débats. Nous avons longuement discuté certains points, et particulièrement la manière de défendre et de promouvoir la diversité culturelle. La France a obtenu les garanties qu'elle voulait. Elle soutient désormais sans ambiguïté ces négociations, dans lesquelles elle aura des intérêts très importants à faire valoir. Nous avons maintenant un mandat qui, en même temps qu'il protège parfaitement les éléments constitutifs du modèle social européen, promeut une approche ambitieuse, unanimement soutenue par les 28 États membres de l'UE. Nous devons à présent nous concentrer sur l'essentiel: la défense et la promotion des intérêts européens dans la négociation.
Pour cela, nous ne devons pas perdre de vue les raisons premières de ces efforts: soutenir la croissance et faire preuve de leadership au niveau mondial. Soutenir la croissance, d'abord. Cet accord aura des retombées positives sur la croissance respective de nos économies, de l'ordre de 0,5% à 1% de PIB pour l'Europe. Cela veut dire un gain de pouvoir d'achat de plus de 500 € pour les ménages et la création de centaines de milliers d'emplois. Nous en avons besoin.
Faire preuve de leadership au niveau mondial, ensuite. Le système multilatéral et les progrès à l'Organisation mondiale du commerce (OMC) restent le meilleur moyen d'avancer à l'échelle mondiale. Aucun accord bilatéral ne pourra jamais s'y substituer. Mais nos accords bilatéraux peuvent compléter les règles de l'OMC et surtout, s'agissant d'un accord pesant aussi lourd qu'entre l'Europe et les États-Unis, nous pouvons montrer la voie. L'Europe et les États-Unis ont joué un rôle essentiel dans la construction du système commercial multilatéral. Face au blocage actuel des négociations multilatérales, nous pouvons reprendre l'initiative et avancer là où le système multilatéral est bloqué. L'Europe et les États-Unis sont encore aujourd'hui les deux principaux pôles de régulation du commerce mondial. Nos systèmes ont souvent été en concurrence. Si nous parvenons à surmonter certaines de nos différences et à développer des approches communes, nous pouvons apporter une contribution essentielle au système multilatéral, comparable, au fond, à celle du moteur franco-allemand dans le cadre européen.
L'Europe et les États-Unis échangent déjà chaque jour pour plus de 2 milliards d'euros de biens et de services. Les obstacles aux échanges sont relativement peu nombreux comparés à d'autres relations bilatérales. Les véritables obstacles au commerce et à l'investissement entre l'Europe et les États-Unis ne se trouvent pas à la surface, ils sont à chercher en profondeur. Nous devons aller voir sous le capot, comment fonctionne la mécanique interne de nos procédures et de nos réglementations.
(...)
Si nous parvenons à un accord selon ces lignes et sur d'autres sujets importants, tels que les marchés publics et les services, alors nous aurons un bon accord, pour la croissance et pour l'avenir du système multilatéral. Conclure cette négociation exigera de faire preuve de détermination politique autant que de résolution à éviter les crispations inutiles. Il faut maintenant se mettre au travail".
Source et propos complets sur le site du huffingtonpost :
(c) huffingtonpost.fr

mardi 6 août 2013

Pierre Hillard, le 18/04/2013

Conférence de Pierre Hillard avec Jean-Yves Le Gallou, le 18/04/2013, donnée à Paris à 20h, sur le thème "La France à l’épreuve de l’Union européenne".
Le marché transatlantique fut abordé à partir de la 2ème minute.
(Vidéo que nous vous avions proposée le 22 mai dernier, mais de façon partielle et dans une qualité auditive plutôt médiocre)

samedi 3 août 2013

Francis Vallat, le 2 août 2013

Francis Vallat, président du Cluster maritime français
Photo (c) : Eric Houri / lemarin.fr

Libre échange transatlantique, libéralisme, protectionnisme ...
par Francis Vallat

Président du Cluster maritime français depuis sa création en 2006, Francis Vallat voudrait que l’Europe s’inspire un peu de ce qui se passe outre-Atlantique en matière de commerce. Sans issue au niveau national, le protectionnisme n’est pas à bannir au niveau européen ...

À l’heure où de grandes négociations internationales sont en cours entre l’Europe et les États-Unis (et où simultanément la France est, par exemple, face à l’impérative nécessité d’adapter la loi de 1992 sur la capacité de ravitaillement stratégique du pays en énergie), il paraît utile de remettre quelques pendules à l’heure ...

Promulgué en 1920, et régulièrement confirmé depuis, le Jones Act américain prévoit que les navires transportant des passagers et des marchandises entre deux ports américains (y compris les Western Samoa et d’autres îles), doivent avoir été construits sur le territoire américain, être la propriété d’armateurs américains (à au moins 75 %), être armés pas des membres d’équipage d’origine américaine (au moins 75 % aussi), et enfin être immatriculés aux États-Unis.

Et ces règles sont complétées par les Related Acts, disposant entre autres que tout navire de pêche américain pêchant dans une zone négociée par les États-Unis (comme dans l’océan Indien par exemple !) doit être construit aux États-Unis, de même d’ailleurs que toutes les embarcations qui travaillent dans les eaux américaines. À ces mesures principales s’ajoutent d’extraordinaires « cerises sur le gâteau », l’une d’entre elles étant par exemple que tout armateur faisant réparer un navire américain dans un chantier étranger doit payer une taxe de 50 % du montant des réparations !

Tout ceci fait partie d’une culture bien ancrée dans ce pays, réputé leader et champion du monde libéral mais qui sait parfaitement agir unilatéralement lorsqu’il s’agit de pouvoir défendre ses intérêts essentiels.

C’est la culture revendiquée, de la légitimité de règles particulières lorsqu’il s’agit de la sauvegarde de la nation américaine ! Ainsi en fut-il, par exemple, lorsque les États-Unis décidèrent de cesser de réserver le pétrole de l’Alaska aux États de la Fédération et autorisèrent son exportation vers le Japon. Une seule condition fut imposée : que ce pétrole soit intégralement transporté sous pavillon américain.

(...)

Or le bilan du Jones Act est aujourd’hui assez facile à faire. La marine marchande ainsi protégée est certes plus âgée en moyenne, et donc moins compétitive, que les grandes flottes internationales (ce qui entre autres favorise plutôt le fer et la route !) mais ce texte a permis de maintenir une capacité de transport sous pavillon national tous secteurs confondus (dont le transport de produits énergétiques !), et un véritable emploi maritime navigant.

Il a également permis de préserver un maillage de chantiers navals dans tout le pays, et il a enfin donné les moyens de sécuriser le minimum de flotte immédiatement mobilisable dont le gouvernement pourrait avoir besoin en cas de crise « chaude » ou de guerre. Autrement dit, il n’est ni la panacée, ni un modèle absolu, mais il serait peut-être bienvenu de s’en inspirer pour agir plus intelligemment dans les domaines où nous sommes fragilisés.

Le propos principal n’est pas ici d’analyser ce que l’Europe (ne serait-ce que pour montrer sa résolution si elle en avait une) pourrait objectivement réclamer dans le cadre de la grande négociation en cours. Il est seulement d’essayer de discerner quelques priorités. C’est ainsi qu’il ne saurait être question de demander l’abolition du Jonces At, mais par exemple de réclamer une certaine ouverture du marché du cabotage américain aux armateurs ou constructeurs européens, parallèle de l’ouverture du marché européen.

Hélas la limite d’un tel exercice est double : d’une part la volonté américaine est probablement inébranlable, et d’autre part il n’y a quasiment aucune chance que « nos » ultra-libéraux anglosaxons « à nous » (nos amis d’Europe du nord en particulier), tout à leur croisade quasi-idéologique et bien pensante, s’intéressent même à une telle proposition (surtout si elle vient d’un pays comme le nôtre dont ils fustigent régulièrement, in petto ou publiquement, l’horrible tentation protectionniste !).

Ne serait-il donc pas plus utile d’essayer de saisir l’occasion de la préparation de telles négociations internationales, précisément pour amorcer enfin - sans complexes mais aussi sans anathèmes - la longue marche de correction de la trajectoire européenne déviante de ces dernières années ? Cette déviation perverse mais si politiquement correcte qui a vu la disparition des concepts, pourtant voulus par les pères fondateurs en 1958, de Marché commun et de Tec (tarif extérieur commun) au profit de la « construction » plus ou moins contrôlée d’une Europe de plus en plus vaste mais aussi de plus en plus aboulique, et devenue peu ou prou une zone de libre-échange inavouée, pour ne pas dire une forteresse sans remparts.

Or pour cela il faudrait s’interroger honnêtement sur l’exemple américain et non feindre de l’ignorer; accepter d’en reconnaître le bien-fondé dans certains domaines et non le nier sans analyse; et démontrer calmement mais fermement que certes le protectionnisme national est une voie sans issue, mais que tel n’est pas le cas au niveau global de l’Union européenne vis-à-vis du reste du monde ... Car si quelques lois et comportements sont adoptés, comme cela se fait au sein des grands pôles du monde libéral que sont les États-Unis ou le Japon (et la Chine !) lorsqu’il s’agit de la protection de leurs intérêts essentiels, qui pourrait vraiment s’en offusquer ou le reprocher à l’Europe ? Mis à part bien sûr les grands prêtres « de l’intérieur » qui ont réussi à imposer leur pensée unique, à mépriser voire culpabiliser quiconque ne « colle » pas exactement au dogme, alors même que l’on sait depuis des lustres que le vrai libéralisme (social au surplus) peut être vertueux et efficace, mais que l’ultra-libéralisme est dangereux, pervers, et à bien des égards suicidaire ?

Être ouvert au grand large ne signifie pas s’offrir sans défense à tous les vents, mais savoir amurer et prendre des ris ...

Article complet à lire dans Le Marin du vendredi 2 août 2013 en vente sur lekiosque.fr
(c) Le Marin / lemarin.fr